Pendant un siècle, la mafia sicilienne est demeurée une organisation criminelle dont on ne savait presque rien. On en ignorait l’origine et les réseaux, et on ne mesurait pas à quel point elle était impliquée dans la vie économique et politique de l’île. Après la deuxième guerre mondiale, progressivement, des enquêtes journalistiques, la publication de romans, comme ceux de l’écrivain Leonardo Sciascia qui décrivent des mafieux, puis les confessions de mafieux « repentis » interrogés et jugés dans le cadre de procès spectaculaires organisés à Palerme au milieu des années 1980, ont permis de mieux comprendre l’organisation et le fonctionnement de la mafia sicilienne.

Il est désormais possible d’étudier l’histoire de la mafia. Cette organisation criminelle, apparue au lendemain de l’Unité italienne, s’est immiscée dans les activités agricoles et dans les institutions politiques de la Sicile à partir des années 1860. Momentanément affaiblie dans l’entre-deux guerres, elle a développé son activité dans l’immobilier pendant la période de reconstruction de l’île, dans les années 1950-1960, puis elle s’est lancée dans le trafic de drogue tout en continuant à pratiquer le racket auprès des entreprises et des commerçants. Son enrichissement a suscité la rivalité des clans de Palerme. Dans la première moitié des années 1980, ils se sont livrés une guerre qui a fini par affaiblir la mafia : sa violence a conduit l’Etat italien à mener contre elle une lutte qui a permis l’arrestation de plusieurs de ses chefs. La mafia est désormais plus discrète en Sicile, mais elle n’a pas disparu. Elle poursuit ses activités, notamment dans le trafic de drogue et la criminalité en « col blanc »

La faillite de la Russie sur tous les plans en 2000 entraîna un sursaut d’orgueil. Poutine voulut restaurer l’image du pays face à l’Europe, aux Etats-Unis, à l’Otan et même dans les pays de l’ex-URSS comme l’Ukraine et sur tous les théâtres lointains où on avait cru se passer d’elle (Syrie, Afrique). La conférence fera le tour complet de cette stratégie, à toutes ses frontières, en revenant sur son histoire, les sources de ce nouvel impérialisme, en analysant ses tactiques subtiles pour décrypter le jeu tenace de Poutine pour reconquérir l’aura perdue de la Russie.

Schubert, dans sa musique de chambre comme dans ses lieder, nous dévoile une part de lui-même. Il nous aide à comprendre sa quête d’un bonheur difficile à atteindre, ses souffrances intérieures, mais aussi les moments joyeux qu’il partage avec ses amis, son admiration pour la nature, son désir profond de communier avec les autres. Dans cette Vienne romantique du début du XIXe siècle, Schubert est comme une étoile filante dont la courte existence nous laisse une musique qui parle directement au cœur et qui influencera de nombreux compositeurs après lui.

Née des complaintes composées autour des grands faits divers au milieu du XIXème siècle, la chanson française, en deux siècles d’existence, n’a cessé de se réinventer. Jusqu’à devenir témoin, parfois même actrice des transformations sociales.

De Barbara à Aznavour en passant par Brassens, Nougaro, Charles Trenet et jusqu’à Alain Souchon, mais aussi grâce à des auteurs plus confidentiels comme Hervé Cristiani, Allain Leprest, Anne Sylvestre, Maurice Fanon, Bernard Joyet, Bassiak-Serge Rezvani, Juliette, Colette Magny, les conférences musicales réhabilitent tout ce riche pan de la culture française, en permettant d’en resituer toute l’importance. Alternant contextualisations, anecdotes et interprétations suspendues aux cordes d’une guitare, Jean-Marc Dos Santos livre quelques secrets de fabrication de l’usine à rêves de la chanson française des origines à nos jours.

Carmen est sans doute l’une des héroïnes les plus universellement connues. Mais de quelle Carmen parle-t-on ? Aurait-elle connu le même destin sans l’opéra qui porte son nom. C’est en effet à partir de la nouvelle de Prosper Mérimée que Bizet et ses librettistes créent cette œuvre dont la renommée n’est plus à faire. Comment leurs choix ont-ils été opérés ? Quelles différences, quelles proximités peut-on observer entre les deux genres ? Il s’agira de considérer comment deux arts unissent leur génie pour créer un personnage et une intrigue inoubliables.

De l’oubli bénin aux pathologies neuro-dégénératives, de nombreuses maladies entraînent une altération de la mémoire. La maladie d’Alzheimer, la plus fréquente, touche 900.000 personnes en France. «  Pourquoi poser ce diagnostic ?...Il n’y a pas de traitement !...Qu’est-ce que ça va changer ?...Et pourquoi vous parlez de maladie ? C’est le vieillissement… ».

Toutes ces questions résonnent autour de nous. Comprendre ces maladies pour mieux les dépister et les accompagner est, aujourd’hui, un enjeu sociétal majeur.

La conférence abordera le contexte des années 1513, période à partir de laquelle Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël vont se trouver réunis à Rome quelques mois. Leur présence conjointe couronne une forme d’apogée artistique : l’âge d’or romain de la Haute Renaissance.

Les trois artistes se rejoignent à la cour pontificale dans un climat où la concurrence artistique est à son paroxysme. Cela est dû aux grands chantiers entrepris par les papes Jules II puis Léon X qui s’attèlent à donner à la Ville éternelle son nouveau visage. Car si la Basilique et la place Saint-Pierre ne sont achevées qu’en 1660, c’est en ces années qu’ont débuté leur transformation.

En 1513, Léonard, Michel-Ange et Raphaël se trouvent à des moments clés de leur vie et de leur art.

Au sommet, Léonard : une star, mais une star vieillissante.

Tout au contraire de Raphaël, un jeune peintre surdoué dont la carrière vient de décoller de façon fulgurante.

Et entre les deux, Michel-Ange, un homme dans la force de l’âge, un sculpteur reconnu, mais une personnalité tourmentée…

Comment les trois génies ont-ils cohabité ? Quelles œuvres ont-ils créées dans ce contexte ? Quelles vies ont-ils menées à Rome et quelles rivalités les ont opposés – car il y en a eues !

Créée par Napoléon en 1807 – mais héritière de structures nées au XIIè siècle – cette institution est restée longtemps cantonnée à un rôle essentiellement juridictionnel : sanctionner les usages irréguliers de fonds publics par les comptables de l’Etat.

Mais depuis le début de la Cinquième République, plusieurs diversifications significatives de ses attributions ont doté la Cour des comptes de compétences de nature à faire d’elle désormais un acteur institutionnel influent : outre une mission d’assistance aux pouvoirs publics et un rôle d’information des citoyens, au travers notamment des nombreux rapports et documents qu’elle publie régulièrement, elle est également appelée à certifier annuellement les comptes de l’Etat. Toutes choses susceptibles de susciter une « politisation » de son rôle ?

L’Antarctique est une terre des marges. Son éloignement et son climat l’ont longtemps maintenue isolée. En dépit de sa « découverte », elle est demeurée un continent singulier. Le Traité sur l’Antarctique (1959), qui en organise le régime, a permis de surmonter les oppositions entre Etats revendiquant un « secteur » et ceux s’y opposant. Il l’a également consacrée comme Terre de paix et de Science. Elle est désormais également une « réserve naturelle » et son environnement bénéficie d’un régime particulièrement protecteur. Formidable laboratoire juridique, l’Antarctique n’est toutefois pas entièrement coupée du monde : elle est traversée par des soubresauts géopolitiques, notamment exacerbés par la guerre en Ukraine.

Charles Baudelaire (1821-1867) avait déjà ressenti dès sa naissance comme une sorte de malédiction s’abattre sur lui et lui tracer ainsi sa destinée : enfance malheureuse, déboires sentimentaux, détérioration de sa santé, exilé dans la société…Autant d’éléments qui le marquent et qui vont influencer sa production littéraire. Sa poésie traduira son mal-être, son Spleen, mais dans des formes nouvelles qui tentent de s’éloigner quelque peu du romantisme qui occupait l’espace poétique de son époque. Tracer sa propre voie, telle est l’ambition de celui qui tente d’extraire de son « Mal » quelques « Fleurs » nouvelles.

L’exposé se déroulera selon une trajectoire chronologique et thématique qui mettra en évidence ce parcours, tiraillé entre ces deux mouvements : l’Idéal poétique et le Spleen de son existence.

L’année 2022 a marqué les 40 ans de débats passionnés sur les modalités d’organisation administrative et juridique des compétences de la décentralisation entre les différents échelons de la décision publique en France, pays fortement centralisé depuis dix siècles.

Mais son influence indéniable sur la poursuite de la « modernisation du pays » s’est-elle accompagnée d’une « appropriation des territoires » par l’ensemble des citoyens ? A-t-elle permis un rapprochement des pouvoirs politiques vis-à vis des populations ? Et comment prend-elle en compte les multiples initiatives citoyennes qui fleurissent sur les territoires, de la lutte contre le changement climatique à la prise en compte de la demande de mobilité collective en milieu rural, en passant par le développement des circuits-courts alimentaires ? Comment évoluent les politiques publiques locales pour répondre à la demande sociale des habitants ?

Dans ce contexte, les petites villes (20 à 25 000 habitants) sont-elles (enfin) l’objet d’une attention plus soutenue de la part des pouvoirs publics en France ? Elles se trouvent pourtant toujours dans un contexte paradoxal : d’un côté elles constituent la tranche statistique qui a crû démographiquement le plus fortement depuis une décennie et cette tendance s’est accentuée depuis la fin de la crise sanitaire ; mais d’un autre côté, nombre de leurs centres-bourgs continuent de dépérir par la fermeture des commerces de proximité, la vétusté de logements inadaptés au confort moderne, le délaissement des espaces publics. La conférence sera l’occasion de caractériser le potentiel de développement des petites villes, en s’appuyant sur leurs situations en Nouvelle-Aquitaine et d’étendre la réflexion aux démarches d’aménagement du territoire conduites en France ces dernières années.

Sidney Bechet préférait le terme Ragtime plutôt que jazz pour qualifier la musique qu’il jouait. Duke Ellington nous dit toute la grandeur de ce personnage hors-normes né à la Nouvelle Orléans à la fin du XIXè siècle.

Dans cette conférence nous découvrirons son parcours artistique, son œuvre, son histoire. Ce sera aussi l’occasion d’évoquer en « live » grâce au saxophone de Jacques Ravenel, la naissance du jazz, le style Nouvelle-Orléans, le blues, le swing, l’improvisation...

Nous y croiserons notamment Bunk Johnson, Duke Ellington, Louis Armstrong et aussi les musiciens parisiens comme Claude Luter, « Moustache » et bien d’autres en partant de Congo Square jusqu’à Juan les Pins. Nous verrons comment son œuvre est toujours d’actualité au travers de la nouvelle génération de musiciens.

« Nous ne devons pas oublier le plus grand : Bechet ! Le plus grand de tous les créateurs, le symbole du jazz. Tout ce qu’il joue vient de l’âme » (Duke Ellington 1961)

Rendu public en mars 2021, le rapport de la commission Duclert met un terme à 27 ans de déni officiel en soulignant les « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda (1994). Après avoir présenté les principaux acquis de cette recherche de grande ampleur dans les archives déclassifiées, la conférence tentera de mettre en lumière les facteurs qui ont permis cette avancée notable, tout en s’interrogeant sur la subsistance d’éventuelles zones d’ombre.

La Terre est une planète active qui se manifeste régulièrement. Ses colères se traduisent parfois par des catastrophes naturelles.

Les risques volcaniques sont très variés : coulées de lave, retombées de cendres et de blocs, nuées ardentes, émissions de gaz, lahars, glissements de terrain, tsunamis. Certaines éruptions majeures peuvent avoir un impact climatique au niveau mondial. Maintenant, une prévision apparaît possible par la connaissance des éruptions anciennes, par des méthodes de surveillance géochimiques et géophysiques, grâce à des observatoires permanents.

Les séismes (tremblements de terre) restent impossibles à prévoir et des constructions parasismiques sont nécessaires dans les zones concernées.

Les tsunamis (raz de marée) sont déclenchés par une éruption volcanique, un séisme ou un glissement de terrain, en milieu marin, insulaire ou côtier. Les vagues se propagent à plusieurs centaines de km/h et déferlent sur des côtes parfois fort éloignées.

Le rôle du géologue est de mieux connaître ces phénomènes telluriques pour pouvoir protéger les sociétés humaines menacées.

La guerre froide, dont l’ouverture a été marquée le 5 mars 1946 par le fameux discours de Winston Churchill constatant qu’un rideau de fer s’est abattu sur l’Europe, s’est terminée en 1991 par l’implosion de l’URSS. Pendant cette période, les deux blocs se sont confrontés par le biais de guerres par procuration, d’actions clandestines et surtout par une compétition technologique sans précédent dans l’histoire.

C’est sous la surface des océans que les opérations ont été les plus soutenues sans que les choses ne filtrent dans le grand public. Plus gros budget de la marine des Etats-Unis et de l’URSS, les submersibles sont devenus de véritables sous-marins grâce à l’énergie atomique et ont accompli des exploits souvent stupéfiants, mais ont subi des drames aussi.

Cette conférence explique ce développement – auquel la France a largement participé – et expose certaines opérations déclassifiées depuis.

Avec 316 km2 et 500 000 habitants, Malte est le plus petit Etat de l’Union européenne. Entré en 2004 il n’en joue pas moins un rôle actif parmi les 27 membres, sa petite taille lui donnant paradoxalement un atout face aux ambitions des grands Etats. Sa situation stratégique au cœur de la Méditerranée a conduit à une histoire souvent dramatique, faisant face avec courage aux diverses ambitions, concédé au XVième siècle à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avant de passer sous la domination britannique en 1800 après une brève occupation française. Sa position géographique l’expose à la venue de migrants en provenance d’Afrique. La langue maltaise illustre cette dimension culturelle méditerranéenne et il faut insister sur la diaspora maltaise intéressant notamment la France.

Depuis plus de deux cents ans, dans une République entourée jusqu’à nos jours de monarchies, une trentaine de femmes ont accompagné leur mari dans l’exercice de la magistrature suprême. Au-delà de leur statut juridique d’épouse, ont-elles une place dans nos institutions ? Leur rôle est-il défini et par qui ? A-t-il évolué ? Sont-elles représentatives de la condition féminine ? Ont-elles de l’influence ou du pouvoir ? Des privilèges ? Peuvent-elles s’exprimer librement et quelles sont les attentes de français à leur égard ? Peut-on parler d’un modèle de Première dame à la française ? Autant de questions et beaucoup d’autres, auxquelles chacune, de Thérésa Tallien à Brigitte Macron, en passant par Elise Thiers, Elisabeth de Mac Mahon, Henriette Poincaré, Germaine Coty, Yvonne de Gaulle, Claude Pompidou, Carla Bruni ou Brigitte Macron, a tenté de répondre à sa façon et sous le contrôle féroce de la presse et de l’opinion.

Joëlle Chevé signera son ouvrage  L’Elysée au féminin  à l’issue de la conférence.

Les besoins énergétiques du monde sont en croissance, le recours aux combustibles fossiles est désormais incompatible avec la lutte contre le dérèglement climatique, et les scientifiques explorent différentes pistes de production massive d’électricité…dont la domestication de la fusion thermonucléaire, ce processus physique qui fait briller les étoiles.

En 2005, le site provençal de Cadarache a été choisi pour implanter le réacteur expérimental ITER, premier projet réellement mondial lancé en 1985, et concrétisé en 2006 par un accord international entre 7 partenaires (Chine, Inde, UE,EU, Russie, Japon, Corée du sud). Il s’agit d’un des plus grands chantiers du siècle, destiné à démontrer, à partir de 2030, la faisabilité technologique et scientifique de la fusion dite « contrôlée », dont la maîtrise nous assurerait des ressources en énergie décarbonée…à grande échelle.

Qu’est-ce que la fusion ? D’où vient cette «  énergie des étoiles » ? Comment la maîtriser ? Qu’attendons-nous d’ITER ? Quels défis scientifiques, techniques et humains devons-nous relever ? Et où en sommes-nous aujourd’hui ?

Le succès planétaire du personnage de Tintin crée par Hergé en 1929 en fait un événement majeur dans le domaine de l’édition. 23 albums publiés et republiés du vivant de l’auteur ont accompagné des générations de lecteurs (et de relecteurs !) âgés de 7 à 77 ans, voire au-delà ! C’est un véritable univers qu’Hergé a créé et enrichi au gré de son imagination et au rythme de ses découvertes. Quelques personnages hauts en couleur, et beaucoup d’autres, le plus souvent stéréotypés, gravitent autour de son « toujours jeune » héros, auquel on serait d’ailleurs toujours bien en peine de trouver le moindre défaut. L’aventure dans les bandes dessinées, telle qu’on la conçoit dans ces années-là (1930-1960), met en scène presque exclusivement des hommes. Et si peu de femmes dans le monde de Tintin ! ( 45 parlent et seules 14 ont un nom).  Alors pourquoi cet état fait ( reflet d’une époque, sensibilité, parti pris ...) qu’il est légitime d’interroger au regard de l’évolution de nos sociétés ?

La Grande Muraille est appelée en Chine « Longue Muraille de dix mille li ». Elle est à la fois une grandiose entreprise de construction défensive, une architecture s’adaptant aux différents reliefs et aux matériaux locaux, et une référence littéraire importante dans la culture chinoise. Elle a aussi servi de protection pour l’avancée de la célèbre Route de la soie vers l’ouest. Même si sa sécurité n’a jamais été garantie et si elle n’a pas empêché des invasions de se produire, son système de défense militaire, ainsi que les péripéties et les techniques de sa construction méritent d’être étudiés.

Les dynasties chinoises ont construit des murs depuis la dynastie des Shang (17e-11e siècle av. J.-C.) et notamment au cours de la période des Royaumes Combattants (5e -3e siècle av. J.-C.)

Le Premier Empereur (3e siècle av. J.-C.) est resté célèbre pour avoir édifié une longue muraille de protection contre les barbares Xiongnu (les Huns pour les Occidentaux) venus du nord. Il a raccordé d’anciens tronçons et en a construit d’autres. La seconde dynastie impériale, celle des Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.) a poursuivi la construction et l’expansion de la Muraille. L’ouvrage que nous admirons aujourd’hui date principalement de la dynastie des Ming (1368-1644). La Grande Muraille est le symbole de la Chine, symbole mémorial national. Elle a été classée au patrimoine de l’UNESCO en 1987.